Voyages de rêve, rêves de voyages

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La Closerie des Lilas

" Tiens salut Renaud, tu vas bien ? " 
- Ah camarade bourgeois, assieds-toi à ma table on va trinquer !
- Tu sais bien que je bois très rarement et puis trinquer à quoi, d'abord ?
- Trinquer pour la plaisir de trinquer, pardi !
Quand je bois je perds toute notion du temps, Renaud, tu le sais bien.
- Mais c'est ça qui est drôle, mon pote.

Mon ami chanteur devait en être déjà à son 6ème verre de pastis quand j'acceptai de lui tenir compagnie.
(Que voulez-vous, j'ai le sens de l'amitié)

- Bonjour Monsieur Jean, je vous apporte votre steak tartare, comme d'habitude ?
Me demanda Joseph, mon serveur préféré à la Closerie, très élégant dans sa veste rouge.
Au piano Sam se croyant à Casablanca, jouait "As time goes by" comme hier, comme avant-hier, comme toujours et Frankie poussait la chansonnette.

Les choses bougent lentement à la Closerie des Lilas depuis 1847, date d'ouverture de ce haut lieu parisien de la culture et de la gastronomie. Ce restaurant-bar-brasserie a toujours su attirer écrivains, peintres et hommes politiques du monde entier.

Mon excellent tartare avalé, je me mis à observer les joues rouges de Renaud qui, après son 10ème pastis, venait d'attaquer le fameux Irish Coffee de la maison.
" Jean, mon ami, mon poteau, tu me tiens chaud mais goûte-moi ça ! "

J'ai gouté et c'est là, oui c'est là, c'est vraiment là que tout s'embrouilla dans ma petite tête. Hemingway et Dos Passos se tapaient dessus mais personne ne leur prêtait attention

Lenine m'aperçut et m'invita à jouer aux échecs sous les yeux de Paul Fort (ci-dessous) et deTrostky

Je gagnai la première partie et perdis la seconde. La bave aux lèvres et les yeux pétillants Vladimir hurla dans un français parfait : 
" J'ai maté cette ordure de Tsar blanc, euh de roi blanc. C'est un signe, camarades, c'est un signe ! " 
Trotsky applaudit et se mit à chanter l'Internationale à tue tête aussitôt accompagné par tous les Russes présents

Je me levai en titubant, Proust me rattrapa au moment où j'allais tomber et me souffla à l'oreille : 
" Longtemps je me suis couché de bonne heure " 
- Tant mieux, Marcel, tant mieux ! Fis-je bêtement

Je compris que ce farceur de Renaud avait mis quelque chose dans mon Irish, lorsque Camus dans un nuage de fumée m'affirma. 
" Aujourd'hui maman est morte ou peut-être hier, je ne sais pas "

Dans un coin, pas loin du piano, je vis mon ami le baron Oeil Von Lynx en pleine discussion avec Tolstoï, essayant vainement d'écarter Sollers et son fume-cigarette.
Je m'assis un moment au bar pour recouvrer mes esprits.
C'est alors que tout se gâta.

Alfred Jarry, accoudé au zinc, faisait du charme à une belle femme comme d'habitude.
Soudain, il sortit son revolver, tira dans le miroir puis déclara :
" Madame, maintenant que la glace est rompue, nous pouvons causer "

C'en était trop, je décidais de quitter la Closerie malgré Billie Holiday qui essaya de me retenir.

Vers deux heures du matin, Joseph se colla à moi et m'annonça :
" La décapotable de monsieur Jean est avancée "

Sur la banquette arrière j'ai cru reconnaître une magnifique brochette de femmes du monde :
la Marquise Ute Von Freiburg, la princesse Maria de Macédoine, la Tsarine Sylvie, la Duchesse Anne d'Aquitaine, la comtesse Oduse d'Alsace et l'inénarrable sangsue Philippe Sollers

 



13/04/2013
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