Voyages de rêve, rêves de voyages

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Venise


Le Ghetto de Venise

Amoureux de Venise, que fais-tu encore sur la place Saint-Marc, sur le pont du Rialto ou dans cette gondole sur le Grand Canal ?


Eloigne-toi donc un peu de ces merveilles et des hordes de touristes. 
Sors de la carte postale et dirige-toi vers un quartier bien plus tranquille : 
le Cannaregio.

 

 

Tu te mêleras à la population vénitienne et tu entendras surtout parler italien. 
Et, bien que le Cannaregio soit le quartier le plus peuplé de Venise, tu y respireras beaucoup mieux.

Là se trouvait autrefois le premier ghetto du monde. C'est là même que le mot fut inventé.
De nombreux vestiges subsistent encore aujourd’hui.

 

RAPPEL HISTORIQUE


Courage lecteur, l'histoire est riche, dense et longue mais méritera, je l'espère, ton attention.

 

D'après les historiens la présence juive à Venise remonte à 1090. 
Il s'agit probablement de marchands originaires d'Allemagne ou du Proche-Orient. 
D’abord, non autorisés à s'établir dans la ville, ils s’installent dans l'île voisine de Spinalunga qui prend dès lors le nom de Giudecca.

Dès 1215, le IVème concile du Latran préconise une séparation physique entre chrétiens et juifs. La République de Venise sera la première à appliquer cette exigence. Le 25 janvier 1516, le Sénat vote un décret confinant les juifs dans un quartier clos de murs.

Un havre de paix relatif, aux règles très contraignantes

Des règlements oppressifs limitent les choix professionnels des habitants du ghetto, réduits à n'exercer que des fonctions voulues par le pouvoir chrétien dans un espace surpeuplé, nauséabond, déprécié.

 

Les juifs ne peuvent être que prêteurs sur gage,


le prêteur sur gage et sa femme. Quentin Metsys 1514. Louvre


marchands ou médecins.
Ils doivent porter un signe distinctif sur leurs vêtements : 
un cercle jaune (une rouelle), remplacé un siècle plus tard par un chapeau jaune (le jaune est la couleur de l’infamie) puis en 1500 par un chapeau rouge. 
Il leur est interdit de posséder des biens fonciers.
Celui qui ne portait pas son chapeau jaune devait payer une amende de 50 ducas et faire un mois de prison.

 

L'empoisonnement des puits et le meurtre rituel

Là comme ailleurs, les Vénitiens avaient peur que les juifs empoisonnent leurs puits et la Sérénissime avait décrété qu'ils n'avaient pas le droit d'utiliser les puits publics de la ville.
Ils ne pouvaient donc utiliser que les seuls puits situés à l'intérieur du Ghetto pour puiser de l'eau. Cette interdiction dura jusqu'en 1703.

Les puits actuels ne datent sans doute pas de l'époque de la création du Ghetto car les sculptures et armoiries qui s'y trouvent sont d'origine plus récente, ce qui fait penser que les puits d'origine ont dû être déplacés et ont été remplacés par ceux-ci.

Là comme ailleurs, les juifs furent accusés de commettre des crimes rituels

 


Vieil homme dans le vieux ghetto


Cependant, dans une Europe où les Juifs sont partout pourchassés et exclus,

Le juif errant. Marc Chagall


Venise apparaît comme un havre de paix relatif et après l'expulsion des Juifs d'Espagne (1492) et du Portugal (1497) un grand nombre d'exilés y trouvent refuge.

 

 

En mars 1516, les Juifs originaires d'Allemagne et d'Italie sont relégués dans le quartier dit de "la nouvelle fonderie" ou geto novo : c'est le premier cas de ségrégation physique des Juifs, et le mot ghetto (ce sera son orthographe moderne) entre dans l'histoire.
En 1541, les Juifs d'origine orientale sont à leur tour relégués dans le quartier de "la vieille fonderie" ou geto vecchio.
 
En 1633, est créé le geto nuovissimo destiné aux Juifs d'origine occidentale.

Un petit Manhattan avant l'heure


Les premiers gratte-ciels

 

Avec l'afflux des juifs du monde entier, chassés d'un peu partout et qui venaient, de plus en plus nombreux, se réfugier dans Venise, la tolérante, la population ne cessait d'augmenter, mais pas l’espace disponible…

Venise, tout en étant devenue terre d'accueil n'était pas pour autant “extensible” et la priorité en matière de logement était alors, réservée aux Vénitiens.

La seule solution pour cette communauté qui ne cessait de croître, fut de construire... en hauteur et donc d’optimiser la zone dite du Ghetto.

Ce qui transforma rapidement le ghetto en un petit Manhattan, et dès le moyen âge les maisons atteignaient les 7 étages.

Prospérité et accroissement de la population

Cette ségrégation physique, aggravée par un statut discriminatoire et des menaces répétées d'expulsion, n'empêche pas les Juifs de jouer un rôle important dans les affaires de la République vénitienne. Grâce notamment aux liens qu'ils entretiennent avec d'autres communautés juives, ils contribuent à l'expansion économique et commerciale de la ville.

Les autorités en sont conscientes, et leur accordent une certaine protection dans les périodes de crise.
Ainsi, le nombre des Juifs passe de 700 en 1516 à 4 800 en 1655 et à cette époque sont édifiées les grandes synagogues du ghetto.

 


la surpopulation


La communauté juive de Venise est une des plus prospères d'Italie. Ses synagogues sont magnifiques, ses imprimeurs produisent de remarquables ouvrages, ses artistes et ses intellectuels sont renommés sur tout le continent.
 
Déclin

Le déclin commence au XVIII siècle. Le poids des impôts, les revers de fortune des armateurs, l'attraction exercée par la ville de Livourne, font que les Juifs de Venise deviennent à la fois moins riches et moins nombreux. En 1766, on n'en compte plus que 1 700. Les discriminations dont ils sont l'objet ont considérablement affecté leur position sociale.
 
Bonaparte "libère" les juifs


En 1797, lors de l’occupation de Venise, le général Bonaparte abolit les réglementations anti-juives et fait brûler symboliquement les portes du ghetto.


Domination autrichienne puis Royaume d'Italie crée par Napoléon

L'émancipation légale des Juifs vénitiens sera remise en question sous la domination autrichienne, puis réinstaurée dans le cadre du royaume d'Italie créé par Napoléon (1805-1814), et enfin sujette aux variations politiques qui affectent la ville jusqu'à son annexion par le royaume d'Italie en 1866 - date à laquelle la communauté juive de Venise devient partie intégrante du judaïsme italien.

La Shoah

205 Juifs vénitiens sont déportés durant la Shoah. À la fin de la guerre, on ne dénombre plus que 1 050 Juifs à Venise.

Maintenant que nous nous sommes penchés sur l’histoire du ghetto vénétien, je vous propose de le visiter en images.

 

VISITE du GHETTO



La maison natale du Tintoret est située dans le ghetto


Des neuf synagogues d’origine, il en subsiste cinq appelées Scuole.

Elles reflètent la diversité des origines et des langues, deux espagnoles, une levantine, une allemande et une italienne :

la Scuola Grande Tedesca, la Scuola Canton (photo ci-dessous),

la Scuola Italiana. 


et les deux plus importantes la Scuola Grande Spagnola (photo ci-dessous)

 

et la Levantina (ci-dessous)

 

C'est dans la Scuola Levantina que se trouve le fameux escalier de la bimàh, qui monte vers le ciel.

"J'entre ici avec émotion et respect.
Les synagogues sont admirables.
Diversité et beauté intérieure, rouleaux 
et livres entourés et éclairés d'un 
rouge qui est la ferveur du coeur."_

Philippe Sollers - Dictionnaire Amoureux de Venise

Outre ces cinq synagogues (dont trois se visitent), un musée juif (ci-dessous),

 

 

des ruelles pittoresques aux murs lézardés, des marchés animés, des canaux, ponts, portes et balcons ouvragés vous inciteront à passer des heures dans ce quartier plein de vie.

 


La mama sur son balcon, le padre sur son bateau et le linge sur sa corde


Merci à mes guides Luigi di Wiki, Giovanni di Universalis et grazie mio caro amico Alberto



07/02/2013
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