Voyages de rêve, rêves de voyages

Amoureux du cinéma, ne manquez sous aucun prétexte ce fabuleux musée inauguré en l'an 2000.

En le quittant vous remercierez la collectionneuse et critique Maria Adriana Prolo de l'avoir imaginé dès 1941.

Je vous propose de le visiter en écoutant la B.O. d'Amarcord de Nino Rota

C'est le plus beau, le plus original, le plus passionnant, le plus amusant, le plus émouvant, le plus... (je m'arrête là, vous allez croire que j'exagère) musée consacré au 7ème art.

Sofia et Claudia vous accueillent à l'entrée. 


Vous vous sentez déjà bien et pourtant vous n'avez encore rien vu, rien entendu, rien touché.

Un itinéraire interactif vous conduit en pente douce jusqu'au sommet de ce très haut édifice (la Mole Antonelliana, symbole de Turin).

Vous pouvez aussi le rejoindre par un ascenseur effrayant qui semble suspendu dans le vide. 

Une fois parvenu tout là-haut sous la coupole de la Mole, embrassez du regard la ville de Turin qui s'étale à vos pieds.

Puis, telle Alice, lancez-vous à la découverte des merveilles :

Vous êtes prêts ? Alors...5,4,3,2,1, MOTEUR

Tous les grands thèmes de l'histoire du cinéma sont abordés dans les différentes salles (science fiction, guerre, western, comédie...)

Une place de choix est réservée à l'amour.
  

Les toutes premières expérimentations sur le mouvement des images sont expliquées et un hommage est rendu aux inventeurs dont bien sûr les frères Lumière et Georges Mélies.

Vous êtes non seulement spectateurs mais aussi acteurs dans des ateliers ludiques qui vous apprennent tous les secrets des monteurs, bruiteurs, metteurs en scène...

Fellini (Fellini Roma), Visconti (Senso), Francesco Rosi (Cadavres exquis), J.L. Godard et B.B (Le Mépris), John Ford et son équipe, Woody Allen, Stanley Kubrick, Akira Kurosawa.

Vous assistez à des projections de chefs d'oeuvre italiens, français, américains, anglais, japonais...
- soit couchés sur d'étonnantes chaises-longues rouges équipées de hauts parleurs dans la grande salle du temple sous le regard inquiétant du monstre de Cabiria, 

- soit vautrés dans un lit rond pour assister seul ou à deux à la projection de films d'amuuuuur
- soit assis sur des WC (!) pour les films fantastiques et d'horreur,
- soit encore debout dans un bar pour regarder John Wayne régler leur compte à des méchants.

Des centaines de photos, affiches, maquettes  s'offrent à vous. 

Vous passerez des rires aux larmes pendant des heures

et à aucun moment vous ne baillerez comme Alfred :


En partant vous aurez des images de Fellini, Visconti, Rosi, Fritz Lang, John Ford, F.F. Coppola, Kubrick, Hitchcock, Godard, Truffaut... plein la tête.

Scène d'ouverture de 8 1/2 de Fellini

Giovanni K en direct de la Piazza Vittorio Veneto,

19 juin 2012



Le bus n°15 nous dépose sur cette vaste et belle place du 19ème siècle entourée sur trois côtés d'arcades. 
Nous nous approchons de l'écran géant dressé par le sponsor Hyundaï.
Une foule vociférante s'agglutine et se bouscule.
De la forêt de têtes et de corps émergent des drapeaux italiens. 

Vous l'aurez deviné l' Euro 2012 bat son plein. 

Les tifosi s'en donnent à coeur joie. Leur pays mène 1-0 contre la Croatie. Les cris et les encouragements fusent de partout, les klaxons et trompettes se déchaînent. 
C'est Pirlo, l'enfant du pays, le talentueux joueur de la Juve qui vient de marquer. 
Ma belle voisine, dont les longs cheveux bruns flottent au vent comme les drapeaux devant nous, est émue aux larmes. Soudain elle hurle "Forza Italia", cri aussitôt repris par des centaines de jeunes et moins jeunes. 

Mais brutalement le silence s'abat sur cette foule bigarrée. La stupeur muette a remplacé les cris de joie. Les drapeaux tricolores fièrement brandis disparaissent : la Croatie vient d'égaliser. Les enfants vêtus de vert, blanc, rouge qui riaient il y a encore cinq minutes font maintenant grise mine.  

Nous nous installons en plein air au milieu de la piazza dans ce café, les yeux rivés sur l'écran et commandons un aperitivo accompagné des équivalents italiens aux tapas espagnols. Les mini pizze, salades et charcuteries se laissent déguster mais la fête est en partie gâchée. 
Le score de 1-1 n'évoluera plus. "Va bene" dis-je au petit garçon qui passe tête baissée à côté de moi. "La qualification della squadra azzura è ancora possibile"

Si vous visitez le Palazzo Reale qui fut la résidence des Ducs de Savoie, Rois de Sardaigne et Rois d’Italie jusqu’en 1865, je vous conseille vivement de vous reposer un peu dans le luxueux "caffe" installé au rez-de chaussée.

Au fond, l'imposant Palazzo Reale.

Vous dégusterez-là, le petit doigt en l'air, dans un silence feutré et en compagnie de mamies distinguées un délicieux espresso, capuccino ou chocolat chaud accompagné ou non d'appétissantes pâtisseries. Les serveuses vêtues de noir sont charmantes et tout autour de vous de grandes vitrines abritent une précieuse collection d'argenterie et de porcelaine.

Une atmosphère très 19e siècle qui attire les grands-mères (mais pas seulement)

Après ce repos bien mérité, repartez à l'assaut de la belle ville qui vous réserve des surprises à chaque coin de rue.

Vue sur la Plazza Castello et la Piazzetta Reale depuis la Via Roma.

21 juin 2012. C'est la fin du printemps, c'est aussi le dernier jour d'école pour les collégiens et lycéens italiens.
Pour fêter dignement cet évènement, ils envahissent dans la bonne humeur la très vaste Piazza Castello, véritable poumon de la ville de Turin et s'aspergent copieusement d'eau (c'est paraît-il la tradition)

Nous les observons, amusés, depuis le Caffe Madama situé au premier étage du Palazzo du même nom qui abrite le très intéressant Musée Municipal d’Art Antique (photo ci-dessus).

C'est sous les tableaux et les dorures que nous dégustons un excellent capuccino et un esspresso ristretto.

Pour le café comme pour les glaces, les Italiens sont les meilleurs et nous passons là un très agréable moment.
Service féminin avenant et souriant, carte de boissons chaudes et fraîches, sandwiches et pâtisseries.

Je vous recommande chaudement cette adresse.

C'est à Turin que se trouve le plus riche musée d'égyptologie du monde après celui du Caire.
6 500 oeuvres y sont exposées et 26 500 attendent en réserve.

Si vous êtes amateurs de momies, sarcophages, papyrus, statues, poteries, vous ne pouvez manquer la visite qui demande plusieurs heures. 
Attention, munissez-vous d'un éventail car vous suerez à grosses gouttes dans certaines salles vieillottes qui ne possèdent pas la climatisation. Vous leur trouverez peut-être, en étant généreux, un charme désuet. D'autres salles en revanche ont été rénovées. Elles possèdent les plus belles pièces et sont absolument magnifiques, c'est dans celles-ci que vous vous attarderez.

Un peu d'histoire :

Le musée fut fondé, il y a près de deux siècles, en 1824 par Carlo Felice qui a acquis la collection Drovetti, constituée grâce aux fouilles de Bernardino Drovetti, consul de France en Egypte.

Les collections furent considérablement développées à la suite des nouvelles fouilles de l'archéologue et égyptologue italien Ernesto Schiaparelli. Celui-ci fut nommé directeur du musée en 1894 et le resta jusqu'à sa mort en 1928.

Jean-François Champollion, auquel il est aussi rendu hommage, a étudié les documents du musée de Turin lors de ses recherches sur les hiéroglyphes.

Je vous propose une visite en images :

Ostracon (tesson de poterie utilisé pour l'écriture et la peinture). Cette gracieuse acrobate, terriblement sexy, mérite que vous l'observiez. L'oeuvre a été exécutée vers 1100 avant JC. 

Elle est malheureusement présentée dans une salle surchauffée tout comme cette momie qui dort depuis 4000 ans.

Bref, malgré les merveilles qui s'offrent à vous, se promener dans ces salles sans clim, ce n'est pas le pied :

C'est en nage que vous vous dirigerez vers les superbes salles rénovées et climatisées où vous pourrez admirer à loisir les chefs d'oeuvre exposés:

Ne manquez surtout pas les sphinx, le temple rupestre de Thoutmès III, les statues de Ramses II et les 21 représentant la déesse à tête de lionne Sekhmet. 

Le clou du musée est la statue de Ramses II, sceptre en main et coiffé de la couronne bleue. Elle est réalisée en diorite noire et provient de Thèbes (photo ci-dessus à droite)

En quittant le musée, vous aurez besoin de vous rafraîchir. Je vous conseille d'aller déguster une bonne gelato chez un des nombreux glaciers du coin avant de partir à la découverte de la belle nature piémontaise du côté de Tivoli (avis à suivre)